Les tendances observées dans les dernières années permettent de prédire que le tiers des postes d’élus municipaux québécois sera occupé par des femmes à la suite des élections de novembre prochain. Cette proportion cache toutefois une particularité : les femmes nées avant 1970 sont moins bien représentées dans les conseils.
À la suite des élections municipales de 2013[1], la cohorte des élus nés entre 1979 et 1995 (âgés entre 18-34 ans à cette date) comptait 43 % de femmes. La zone paritaire à laquelle le premier ministre Couillard faisait récemment référence (entre 40 % et 60 % pour l’un ou l’autre des sexes) serait donc déjà atteinte pour cette cohorte. Les élus nés entre 1969 et 1978, quant à eux, s’en approchent avec 37 % de femmes. La proportion de femmes chute cependant rapidement dans les cohortes plus âgées : 30 % (1959-1968), 28 % (1949-1958) et 20 % (avant 1948). C’est d’ailleurs cette sous-représentation des femmes plus âgées qui tire le pourcentage global vers le bas. Bon an mal an, seulement le quart des élus municipaux ont moins de 45 ans. Quel intérêt y a-t-il à nuancer l’analyse de la représentation féminine en intégrant les variables d’âge ou de cohortes ? D’abord pour mieux comprendre et mieux intervenir. Il se dessine à l’évidence au moins deux groupes distincts (nées avant et après 1970) qui rendent la généralisation (« les femmes sont… ») hasardeuse dans certains cas. Cette méthode permet ensuite de mieux anticiper les effets des différentes propositions d’intervention. Par exemple, nous devons admettre qu’on se dirige vers la parité dans les groupes d’âges les plus jeunes, sans l’imposition de mécanismes contraignants comme les quotas. À cet effet, on devrait se questionner sur la mise en œuvre d’une telle politique : les quotas devraient-ils viser spécifiquement les groupes de femmes sous-représentées ou pourrait-on accepter de compenser le manque de femmes plus âgées par une surreprésentation des plus jeunes ? Les jeunes hommes en feraient-ils les frais ? Enfin, le recours à une analyse par cohortes permet de constater que le fait de vieillir ne semble pas entraîner un désengagement des femmes en politique municipale. Par exemple, la cohorte des élus nés entre 1961 et 1970 a vu sa proportion de femmes passer de 27 % en 2005 à environ 30 % en 2013. Les élections de 2017 permettront de valider cette observation qui s’applique, pour l’instant, à toutes les cohortes. Avec plus de 4 000 candidates, dont plus de 2 500 devraient être élues, les élections municipales de 2017 offriront probablement le meilleur miroir de la société québécoise en matière de parité entre les femmes et les hommes à des postes décisionnels. Les analyses seront d’autant plus pertinentes qu’elles pourront alimenter les réflexions pour le milieu municipal, mais également pour d’autres secteurs préoccupés par cette question, tels que le milieu des affaires, l’administration publique et les autres paliers politiques. [1] Toutes les statistiques présentées proviennent des données du ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire.
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Septembre 2017
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